Les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont fermement condamné le renversement du gouvernement démocratiquement élu du président Ibrahim Boubacar Keita par des putschistes militaires. Ils ont en outre exprimé leur solidarité avec le peuple malien et ont réaffirmé leur ferme engagement à continuer d’œuvrer en faveur d’une résolution rapide de la crise.
Les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont donné ces assurances dans un communiqué publié par le président de l’Autorité de la CEDEAO, Mahamadou Issoufou, à l’issue d’une session extraordinaire par vidéoconférence le 20 août 2020.
Rappelons que l’armée malienne a organisé un coup d’État le 18 août 2020, qui a abouti à l’arrestation du président démocratiquement élu Ibrahim Boubacar Keita ainsi que d’autres responsables du gouvernement malien, arrivé au pouvoir en 2018. Le putsch militaire a été précédée d’une crise sociopolitique déclenchée par les élections législatives de mars-avril 2020. La crise a pris la forme de manifestations, parfois violentes, organisées par certains acteurs politiques, membres d’associations religieuses et d’organisations de la société civile. La tentative de coup d’État, semblable à bien des égards au coup d’État de 2012 qui avait déstabilisé le Mali et suscité des attaques de groupes terroristes, s’est produite dans un contexte mondial difficile pour le Mali avec des attentats terroristes, des tensions intercommunautaires dans le centre du pays et une crise sanitaire provoquée par la pandémie de covid-19 ainsi que ses conséquences économiques et financières.
Dans le but de stabiliser le pays, la CEDEAO a entamé un processus de médiation et a nommé un médiateur en la personne de l’ancien président du Nigeria, Goodluck Ebele Jonathan, qui a effectué trois missions au Mali et rencontré presque toutes les parties prenantes. Malheureusement et contre toute attente, une mutinerie a éclaté le 18 août , moins d’une semaine après le départ du médiateur.
Suite à la déclaration de démission du président Keita, faite sous la contrainte, les mutins se sont regroupés sous le nom de Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) et ont annoncé avoir pris le contrôle du pays. Après un examen approfondi de la situation, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO se sont catégoriquement opposés à toute forme de légitimité des militaires putchistes et ont exigé le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel.
Dans la déclaration sur le Mali, les chefs d’État et de gouvernement ont suspendu le Mali de toutes les instances décisionnelles de la CEDEAO et ont appelé à la réintégration immédiate du président Ibrahim Boubacar Keita à la présidence de la République. L’organisme sous-régional a en outre décidé de fermer toutes les frontières terrestres et aériennes, d’arrêter toutes les transactions financières, économiques et commerciales entre les États membres de la CEDEAO et le Mali et a appelé à l’imposition immédiate de sanctions ciblées contre tous les putschistes militaires et leurs partenaires et collaborateurs.
Les chefs d’État et de gouvernement ont en outre dépêché au Mali une délégation conduite par le médiateur, composée du président du Conseil des ministres et du président de la Commission chargée d’assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Ils ont également appelé à l’activation immédiate de la Force en attente de la CEDEAO.
L’Autorité de la CEDEAO a salué le soutien exprimé le 19 août 2020 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU à la CEDEAO , notamment la ferme condamnation du putsch.
Les autorités de la CEDEAO ont exprimé leur détermination à rester à l’écoute des dossiers au Mali et ont promis de se réunir par vidéoconférence dans une semaine pour évaluer la situation à la lumière du rapport de mission qui sera remis par le médiateur et sa délégation.
Par ailleurs, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont également salué la décision de l’Assemblée nationale de Guinée Bissau d’approuver les programmes du gouvernement.