CHERS MEMBRES DU PERSONNEL ,
A l’occasion propice du 45ème anniversaire de la fondation de la CEDEAO, qui tombe aujourd’hui le 28 mai 2020, j’ai le plaisir d’adresser mes sincères salutations aux bâtisseurs de notre Communauté. Grâce à leur vision et à leurs efforts dévoués, notre région peut aujourd’hui se targuer d’avoir réalisé un espace de libre circulation couvrant plus de 15 pays, un marché économique intégré et des mécanismes de formulation de politiques harmonisés dans tous les domaines.
Notre thème pour ce 45ème anniversaire est : « 45 ans de solidarité au service des peuples d’Afrique de l’Ouest », complété par un premier sous-thème qui porte sur « Promouvoir ensemble le développement socio-économique et humain à travers l’intégration régionale » ; et un deuxième sur « Combattre ensemble le Covid-19 en Afrique de l’Ouest ». Il va sans dire qu’ils entrent en résonance avec cette vision multidimensionnelle de nos Pères Fondateurs.
Les États membres de la CEDEAO ont fait preuve de résilience au cours des 45 dernières années. Ensemble, ils ont traversé de nombreux défis – politiques, économiques, sociaux et sanitaires – comme la crise EBOLA. Les États membres se sont toujours efforcés d’afficher des perspectives de croissance prometteuses et tous ont travaillé dur pour réaliser le développement social à tous les niveaux.
Malheureusement, ces efforts ont été compromis car la région a été frappée par le choc sécuritaire dans la zone centrale du Sahel et dans le nord-est du Nigeria. Au cours de l’année écoulée, la Communauté a convoqué un sommet extraordinaire pour lutter contre le terrorisme dans notre région, qui a conduit à la préparation d’un plan d’action régional adopté en décembre 2019 par les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO.
Alors que des efforts conjoints sont déployés pour lutter contre le terrorisme et aider les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, notre région est désormais confrontée à un deuxième choc découlant de la pandémie de COVID-19 et qui se manifeste dans ses conséquences sanitaires, économiques, sociales et humanitaires. À ce jour, tous nos États membres de la CEDEAO sont touchés par la pandémie et la région ouest-africaine comptait, au 26 mai 2020, 30 543 cas confirmés de COVID-19 et malheureusement 655 décès.
Au nom de toutes les institutions communautaires, nous compatissons avec les familles endeuillées et exprimons nos plus sincères condoléances pour leurs pertes. Nous souhaitons également à tous ceux qui sont malades à cause de la pandémie un prompt rétablissement.
Dès fin février 2020, lorsque la région a enregistré son premier cas de patient atteint de COVID-19, la plupart des États membres ont pris des mesures strictes pour contenir la propagation de la maladie et fournir des soins de santé adéquats pour tous. La Commission de la CEDEAO, travaillant en étroite coopération avec l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS), a été très active, dès le début de la lutte contre le COVID-19, pour renforcer les efforts des États membres de la CEDEAO en fournissant des fournitures et des équipements médicaux essentiels. ainsi que le renforcement des capacités, favorisant ainsi un sentiment de solidarité entre tous en cette période cruciale.
La pandémie, malgré les mesures très fortes prises par les États membres pour faire face à la propagation du virus, a entraîné une forte baisse des activités économiques, une baisse des ressources financières concomitamment à une augmentation des dépenses ainsi qu’à des crises sociales et humanitaires. Pour atténuer les impacts, les États membres ont pris des mesures importantes.
De leur côté, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont une fois de plus fait preuve d’un haut degré de solidarité, lors de leur réunion lors d’un sommet extraordinaire virtuel en avril 2020, afin de formuler des recommandations d’action collective pour stopper l’escalade de la pandémie. Tout en reconnaissant l’impact délétère de la maladie sur le processus d’intégration régionale et de développement socio-économique en général, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont exprimé leur détermination à tout mettre en œuvre pour protéger leurs citoyens de la maladie et conjuguer leurs efforts pour trouver un une solution durable à la crise sanitaire, notamment grâce à la recherche médicale endogène.
Ils ont en outre saisi l’occasion de leur réunion pour s’associer à l’ensemble du continent africain afin de mobiliser le soutien international en faveur de l’allégement de la dette. Cela devrait libérer des ressources pour mettre en place des mesures de protection et palliatives tenant compte de la gravité de l’impact sur les citoyens les plus vulnérables, notamment ceux du secteur informel et des zones rurales, en particulier les femmes et les jeunes. Ils ont également décidé de soutenir la mise en place du fonds de solidarité anti-Covid mis en place par l’Union africaine.
Nous sommes convaincus que les efforts acharnés entrepris conjointement par la CEDEAO et ses États membres dans les domaines social, humanitaire et économique produiront enfin des résultats durables dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.
Nous devons souligner notre chaleureuse gratitude pour le soutien fort et concret dont nous avons été témoins de la part du secteur privé ainsi que de la société civile dans nos États membres. Cela confirme sûrement le vieil adage selon lequel la charité commence chez soi et encourage nos partenaires extérieurs à accomplir les généreux gestes de soutien que les chefs d’État ont distingués en guise de remerciement.
Il convient également de mentionner nos partenaires continentaux tels que l’Union africaine et la Banque africaine de développement, qui ont joué un rôle déterminant dans la réponse africaine à la crise. Nos remerciements vont également à nos partenaires internationaux, notamment les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, l’Union européenne, le G20 et les donateurs bilatéraux qui ont fourni un soutien opportun.
Au cours des quarante-cinq dernières années, notre Communauté que nous servons a enregistré de nombreux succès dans tous les domaines, malgré l’énormité des défis que nous avons parfois rencontrés. Il est important que nous soyons fiers de bâtir sur ces acquis pour les consolider et avancer ensemble.
À cet égard, nous rappelons nos efforts visant à tirer parti des progrès que nous avons réalisés dans le domaine politique, notamment dans les domaines de la démocratisation et de l’observation des élections. Ainsi, au cours de l’année écoulée, nous avons apporté un soutien technique et financier à la préparation et au déroulement des élections présidentielles en Guinée Bissau et au Togo ; et des élections législatives accompagnées du vote d’un référendum en Guinée. Alors que nous sommes confrontés à cinq élections présidentielles au cours des sept prochains mois, nous avons observé les difficultés auxquelles pourraient être confrontés les États membres face aux contraintes et aux risques imposés par le nouveau coronavirus 2019 dans l’organisation des élections.
Sur le plan économique, nous continuons de nous appuyer sur les éléments fondamentaux de notre projet d’intégration, notamment la liberté de circulation des biens et des personnes et le droit d’établissement. Tous les efforts possibles seront déployés pour parvenir à l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) initialement prévue pour le 1er juillet 2020, car elle devrait nous offrir l’opportunité de construire et de consolider de nouvelles chaînes d’approvisionnement régionales et continentales et d’autres opportunités. face aux difficultés constatées au niveau mondial.
Alors que nous examinons nos réalisations, non seulement au cours de l’année écoulée, mais au cours des quarante-cinq dernières années, nous devons également nous tourner vers l’avenir et voir les promesses qu’il recèle. Il est vrai de dire que nous seuls pouvons bâtir notre avenir malgré nos défis. En effet, il conviendrait de rappeler un autre adage selon lequel de chaque défi vient une opportunité. À cet égard, je souhaite encourager tous les membres de la Communauté à adopter une vision optimiste quant à la direction que nous prenons en tant que région. Nous avons déjà commencé à réfléchir à la formulation d’un programme de relance post-Covid-19 qui s’appuiera sur tous nos domaines d’action.
Je reste optimiste malgré les défis actuels, et j’espère que pendant le reste de l’année 2020, notre 45e anniversaire s’avérera mémorable ; car c’est aussi l’année au cours de laquelle nous ferons preuve de résilience et d’ingéniosité en tant que peuple, région, communauté ; et nous devons faire preuve de leadership et de foi dans notre capacité à surmonter les obstacles ensemble et à construire un avenir meilleur pour les peuples de la région de la CEDEAO.
Je tiens également à féliciter tout le personnel des Institutions communautaires (Commission, Parlement, Cour de Justice, Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), CEDEAO. Banque d’investissement et de développement (BIDC) et Bureau du vérificateur général). À force de travail acharné et de dévouement consciencieux au devoir, vous nous avez collectivement fait avancer plus loin sur la voie de la réalisation de la vision fondamentale de nos pères fondateurs d’un développement économique et social accéléré dans la région, à travers un processus d’intégration, étayé par des conditions de la stabilité politique, ainsi que la paix et la sécurité, permettant ainsi à ses citoyens de jouir d’un avenir partagé et prospère.
Nous sommes impatients de célébrer les prochains anniversaires en tant que Communauté, lorsque nous regarderons en arrière et reconnaîtrons les progrès réalisés grâce à notre foi, notre courage et notre persévérance qui nous ont permis de maintenir le cap et de trouver les solutions nécessaires à nos formidables défis.
Vive les peuples de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
Vive la CEDEAO
SEM Jean-Claude Kassi Brou
Président, Commission de la CEDEAO
28 mai 2020